3, 4 et 5 mars 2010
Université du Québec à Montréal, Canada
Responsable : Catherine Meyor, Université du Québec à Montréal
Université du Québec à Rimouski, Faculté des sciences de l’éducation
Responsable : Anne Marie Lamarre, Université du Québec à Rimouski
Colloque international du Cercle interdisciplinaire de recherches phénoménologiques
La souffrance à l'école
Largement saisi par la bande mais peu développé de façon directe, le thème de la souffrance à l’école (pré-scolaire/primaire, secondaire, cégep, université) mérite aujourd’hui d’être instruit. À la question « Y a-t-il une souffrance dans les écoles ? », les disciplines de la biologie, de la psychologie et de la sociologie répondent affirmativement. Nous souffrons par et dans notre corps, nous souffrons par et dans notre « mental », nous souffrons de notre vie sociale.
Mais peut-on échapper à la souffrance ? Et les multiples alternatives que nous propose notre monde moderne pour la traiter sont-elles à même d’éradiquer cette expérience qui est peut-être une tonalité fondamentale de notre existence d’humain ?
Par ce colloque, nous voulons brosser un portrait de la souffrance à l’école, saisir la contribution de la recherche à la compréhension de ce phénomène ainsi qu’à l’action de l’enseignant(e) sur celui-ci et définir des gestes pédagogiques permettant de le prendre en considération. Ces trois axes de développement comportent, de façon non exclusive, les questions suivantes :
1) en ce qui a trait au portrait de ce phénomène :
- Qu’entendons-nous par souffrance ? Comment se vit-elle ?
- Qui souffre ? Pourquoi souffrons-nous ?
- Y a-t-il des lieux propres à la souffrance dans les écoles ?
2) pour ce qui est de l’apport de la recherche :
- Que peut apprendre la recherche aux enseignant(e)s en regard de la souffrance ?
- Quelle action la recherche permet-elle aux enseignant(e)s de poser ?
3) en regard des gestes pédagogiques aptes à considérer ce phénomène :
- Comment les enseignant(e)s comprennent-ils la souffrance en éducation ?
- Comment et en quoi les enseignant(e)s peuvent-ils agir en regard de ce phénomène ?
- Y a-t-il des lieux, des espaces pédagogiques, des disciplines plus aptes que d’autres à considérer la souffrance, à éduquer à sa réalité ?
Par le partage de nos connaissances et la réflexion sur ce thème, ce 1er colloque international du Cercle interdisciplinaire de recherches phénoménologiques (CIRP) veut contribuer à une meilleure compréhension d’un phénomène à la fois omniprésent et tabou dans les institutions d’enseignement.
Cliquez ici pour accéder au site web de ce colloque.
Le mouvement phénoménologique a ouvert depuis quelques années des perspectives de recherche fructueuses dans les sciences humaines et sociales. Le regard phénoménologique a contribué à saisir le sens complexe d'éléments constitutifs de la vie humaine. Bien que la phénoménologie se soit ramifiée dans des courants de pensée divers, le fait d’opter pour une approche phénoménologique suppose l'intention de rendre manifeste ce que la quotidienneté fait oublier. Pour certains, il sera question de l'espace intérieur de l'être qui reflète sa manière fondamentale d'être en relation avec le monde alors que pour d’autres, il sera plutôt question de l’espace intérieur qui fonde cette relation. Quoi qu’il en soit, le recours au trajet phénoménologique ouvre la voie à l'expérience de formes de compréhension élargies, au-delà du modèle méthodologique des sciences exactes et du seul point de vue objectif sur la réalité.
Le fait de déployer les possibilités du regard, de la lecture et de la compréhension phénoménologique met en lumière la diversité des manières humaines de comprendre. On peut dès lors s'interroger sur les résonances qu'éveille le concept de compréhension dans la trajectoire de la pensée des phénoménologues, qu'elle prenne son origine chez Husserl, Heidegger, Gadamer, Henry ou d'autres. Par exemple, la compréhension s'instaure-t-elle et se déploie-t-elle au niveau de l'existence même ? Est-ce le projet de comprendre qui permet d'accéder au savoir ou bien est-ce le savoir qui permet de comprendre ? Quelle est la nature, quel est le statut du savoir issu de la compréhension phénoménologique ? Ou encore, qu’est-ce qu’une approche phénoménologique permet de comprendre ?
Dans une perspective interdisciplinaire, le colloque sera l'occasion d'approfondir, à partir de positions et de parcours épistémologiques divers, le sens du concept de compréhension dans la phénoménologie contemporaine.
S’il est un thème fondamental qui se conjugue aujourd’hui sous tous les temps et toutes les formes, c’est bien celui de la subjectivité. Prise entre affirmation et négation, déclinée sous des statuts multiples et contradictoires, la subjectivité – comme le temps lorsque la question fut posée à St-Augustin de savoir ce qu’il est – fait davantage problème à l’heure de sa formulation qu’à celle de son expérience.
Bien que la phénoménologie soit une pensée consacrée à la subjectivité, elle présente, malgré la méthode descriptive sous laquelle se rassemblent ses pratiques, des lectures exposant un sujet non unifié dans la figure qu’on pourrait lui dessiner. En lui donnant forme à des points différents de l’horizon déployé entre émergence et occultation, entre usage conceptuel et incarnation, entre vécu et vivre, nous l’insérons dans une problématique qui appelle une analyse et une légitimation.
Ainsi, de quoi parle-t-on et que vise-t-on lorsqu’on s’attarde à parler de la subjectivité ? Qu’est le sujet pour que, sous nos analyses et dans nos discours, il se dérobe voire s’éclipse, se stratifie et se cristallise ou, à l’inverse, émerge dans toute l’épaisseur de son expérience ? Ou encore, quel type de regard pose-t-on sur lui ? En un mot, quelle dignité est la sienne dans les discours que nous lui prêtons et en quoi mérite-t-il d’être l’enjeu d’une pensée ?
Ce colloque sera l’occasion de débattre la question de la subjectivité sous une perspective phénoménologique et interdisciplinaire. En considérant aussi bien les tendances que les positions diverses qui coexistent, nous tenterons de brosser un tableau de la situation de ce thème fondamental.
Il paraît aujourd’hui incontestable que l’influence de la phénoménologie dans le champ des sciences humaines a non seulement contribué à revitaliser, mais aussi à nuancer, voire à transformer la conscience qu’ont d’elles-mêmes les disciplines qui en forment l’horizon. Toutefois, il semble symptomatique que la perméabilité de ces dernières aux modes d’approche et de réflexion constitutifs de la phénoménologie repose le plus souvent sur des considérations épistémologiques, méthodologiques ou même ouvertement opératoires. Or, la question se pose de savoir si la phénoménologie se trouve susceptible d’une définition et d’un usage qui ne se laisseraient pas étriquer par son assimilation à une méthode originale, à un domaine d’objets particuliers, ou plus simplement encore à un processus de légitimation disponible pour quiconque souhaite défendre la scientificité et la rigueur de son intérêt pour l’expérience subjective que l’homme a de lui-même et du monde. En filigrane des contingences relatives à la constitution d’un plan de démarche scientifique, c’est en effet toute l’amplitude de la phénoménologie qui se donne à saisir, incluant celle des questions qu’elle pose et qui, du reste, excèdent toute possibilité d’en répondre absolument. Ce qui est susceptible d’ébrécher l’espoir, notamment d’un Husserl, de fonder une philosophie première et vraiment scientifique. S’il en est ainsi, c’est que le phénoménologue ne pose pas seulement la question du vécu, mais aussi celle d’un « vivre » qui se trouve toujours coextensif à un monde qui n’est alors plus un en-face, mais se voit plutôt donné et reçu à la manière d’un horizon disponible pour tout agir et tout pâtir, c’est-à-dire pour toute pratique quotidienne relevant de l’habitation d’un monde et d’un « ethos » communs. En ce sens, la phénoménologie se révélerait comme un « faire-voir », qui se donne aussi et sans distance comme un « faire-valoir », de la vie elle-même au sein de ses œuvres. Ce qui permet de croire que la phénoménologie, dans le champ des sciences humaines, des lettres, des arts et des sciences sociales, resterait encore à faire et à accomplir, à porter à la mesure d’une réelle éthique du vivre et de ses modes d’accomplissement, dont la science fait aussi partie non pas à titre de méthode, mais bien de production spirituelle. Dans le prolongement de la personne et de son expérience privée, ce sont donc ses coutumes et ses lieux, ses institutions et ses fêtes, en incluant ici sa ritualité et sa vie religieuse, ses pratiques domestiques, de même que sa rencontre de l’autre homme et l’ensemble institué de ses comportements signifiants que la phénoménologie se trouve en position d’interroger et de rendre à la faveur des « choses elles-mêmes ». C’est pourquoi on peut toujours penser que le phénoménologue est aussi et en principe un interprète de la culture. C’est dans cette mesure que la problématique soulevée dans le contexte du colloque « Phénoménologie, quotidienneté et pratiques du vivre » se propose d’inviter la pensée sur le chemin, somme toute assez peu emprunté, de l’art de vivre.
L’adoption de l’approche phénoménologique en sciences humaines et sociales soulève plusieurs problèmes. Une première difficulté tient au fait que la phénoménologie est à la fois une pensée et une méthode. Une deuxième difficulté tient au fait qu’elle demande au chercheur de s’ouvrir à tout ce qui se donne à sa conscience à propos du phénomène à l’étude, de mettre de côté ses a priori théoriques. À cela s’ajoute la question des enjeux épistémologiques qu’elle pose, notamment la description de la subjectivité constituante, le déploiement de l’horizon de l’intentionnalité, la non intentionnalité. Enfin, la phénoménologie s’est ramifiée en courants divers, ontologique, existentialiste, herméneutique, etc., qui proposent des voies d’interprétation diverses. Entre les questions procédurales et celles liées à la non intentionnalité, c’est toute l’amplitude phénoménologique qui se donne à saisir et qui constitue la problématique au cœur de ce colloque/atelier. Cette amplitude est elle partie prenante des recherches phénoménologiques en sciences humaines et sociales ? Peut-elle l’être ? Doit-elle l’être ? Quelle phénoménologie pratiquons-nous lorsque nous considérons cette amplitude et lorsque nous ne la considérons pas ? Cette amplitude constitue aussi l’enjeu de la pratique phénoménologique en termes de sens, car si elle est tributaire de l’ouverture du regard phénoménologique, le sens des résultats que permet d’obtenir l’analyse est, quant à lui, tributaire de la qualité de ce regard. Ce colloque/atelier sera ainsi l’occasion d’aborder la vaste question de l’« usage » de la méthode phénoménologique ainsi que la valeur de ses retombées dans les sciences humaines et sociales, à partir de la facette procédurale et en lien avec le sens et la pertinence des résultats.